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I’m Sorry Baby

Li Chaolin

« Désolé, nous ne pouvons pas vous choisir. »
« I would prefer not to. »
« Je suis désolée, mais non. »

Ces mots de refus et/ou de réponse évasive sont issus d’un appel à témoignages collectés par Li Chaolin auprès d’artistes et de leurs ami·e·x·s. À travers son installation, l’artiste questionne les notions de pouvoir liées aux formules de non-recevoir, ainsi que leur déshumanisation à travers un usage détourné ou abusif.
Entre rituel de pouvoir et satire d’un show digne des plus grands festivals de cinéma, l’installation déroule le tapis rouge. Elle vous invite au dialogue par son chemin de velours, tout en maintenant son contrôle et sa domination, à travers une mise à distance grotesque matérialisée par les poteaux de guidage métalliques.
Le tissu écarlate incarne l’illusion d’une gloire fabriquée, le mirage d’une hiérarchie sociale. Les découpes rigides des barrières tracent une frontière trouble, mouvante, entre discipline imposée et liberté promise. Les pétales de roses séchées, dispersés sur le tapis, deviennent les porteurs d’un langage du rejet — vidé de sa vitalité par le système. Nos refus finiront par nous rejeter. Le langage du « non » bureaucratique est
toujours là — prêt-à-servir, froidement poli, rendu neutre par la grammaire sociale. Il s’infiltre dans nos échanges, les déshydrate, les réduit à des monologues de pouvoir. Ces mots figés deviennent à la fois archives de blessures et fragments d’un théâtre collectif de domination. L’installation révèle l’excuse comme un acte performatif. Lorsque le refus est prédéfini comme un monologue du pouvoir, elle engage un dialogue dans un silence en suspens : qui délimite le droit de dire « non » ? Qui définit le privilège de s’opposer ?

Li Chaolin

Chaolin Li développe une sensibilité aux espaces liminaires entre fiction et réalité, nourrie par son parcours entre la Chine et l’Europe. Elle voit la Lune comme métaphore de son travail :
présente mais parfois invisible, elle évoque les strates cachées du quotidien. Formée à l’Université de Yibin, à l’École supérieure d’art Annecy Alpes et à la HEAD – Genève, elle construit une pratique centrée sur la mémoire, l’identité et les récits autofictionnels. À travers une approche « low-tech », elle conçoit des actions,
installations éphémères et fictions intimes. Se définissant comme un « terrain de jeu spontané », elle mobilise le « je » comme médium et moteur de création, explorant avec dérision et légèreté les liens poreux entre soi, monde extérieur et enjeux sociaux. Son travail, traversé par l’ennui, le hasard et l’absurde, invite à une réflexion poétique sur les connexions entre l’individuel et le collectif. En collaborant avec des artistes et
collectifs, elle développe également des approches pédagogiques alternatives fondées sur l’humour et le storytelling. Sa pratique transfrontalière cherche à révéler l’invisible, entre évidence et secret.

Exposition en collaboration avec la Conciergerie – Art contemporain de La Motte-Servolex, du 14 mai au 28 juin 2025.

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